vendredi 28 février 2020

Top 5 des vrais sujets que n'aborderont pas vraiment nos candidats

RETROSPECTIVE : LA PRESIDENTIELLE DE 2017
(On avait juste oublié de publier cet article à l'époque...).

Avant-propos : Emmanuel Macron a été élu président de la République à 39 ans seulement. Il a été présenté par les médias comme le "libérateurs des énergies" et le pourfendeur de "l'ancien monde". Trois années plus tard, on se rend bien compte que de recruter des députés sur Indeed et de vouloir gérer la France comme une banque d'affaires, eh bien... C'est pas terrible.

Mais franchement, à quoi tu t'attendais de la part d'un ancien "collaborateur" de la banque Rotschild qui s'est levé pendant quatre ans tous les matins en se demandant : "comment vais-je rendre mon client riche encore plus riche ?". 

Y'a pas à dire, l'ENA est vraiment la meilleure école de commerce de France.

Bref, back to past :

"2017. Cette année est celle du Brexit, du renoncement de Hollande et de l’élection de Donald Trump : mais où va le monde ?". 


Voilà une accroche bien racoleuse digne des grandes heures du Huffington Post. On tient toutefois à vous rassurer (SPOILERà : après la série d'évènements mentionnée en sus, il ne se passera... absolument rien. En effet, les progrès d'hier feront-ils place aux régressions de demain ? On vous répond.

Pour commencer, au sommet de la chaîne alimentaire des hypocrites trône glorieusement notre ex-premier ministre. Effectivement, ce bon Manuel Valls a déclaré à la fin d'une interview sur le bon vieux grill d'Elkabbach que "la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale sera un thème qui animera notre action après 2017". Bonne initiative, mais on se demande pourquoi cela n'a pas été sa préoccupation pendant ses 5 ans de règne. Après nous avoir enfumé avec des débats identitaires sur le burkini, le voile à l'université ou sur la déchéance de nationalité, ce noble Manu aurait très bien pu se défroquer, montrer son dèrche face caméra avant de nous faire un bras d'honneur que c’eût été pareil. Et à l'heure où on parle, Manolo vient tout juste d'annoncer la suppression du 49.3... 

Bref, l'identité nationale est un thème simple et pas cher donnant l'air badass pour qui s'improvise défenseur de la République. Mais le très ringard Manuel Valls, Manuel Carlos Valls Galfetti de son état civil, n'est pas le plus virulent sur le terrain du fascisme ordinaire. Au moins le plus sournois.
Donc la lutte contre la pauvreté, d'accord... On est sur la bonne voie. Mais quoi d'autre ?

1/ Le "désordre judiciaire"

Pour reprendre le terme de Gilbert Collard tiré du titre de son ouvrage, à la période où il pouvait demander à ce qu'on l'appelle "maitre" sans que ce soit raciste. Gilbert, voulait expliquer que les juges sont trop peu nombreux dans les juridictions et n'ont pas assez de moyens. Donc les délais de traitement des dossiers sont bien trop longs.
La justice n'est absolument pas le premier budget de l'État. Et tous les rapports de l'OCDE accablent cet état de fait et les avocats sont d'accord pour admettre que les gouvernements assèchent volontairement la justice pour refroidir les gêneurs.
Tant pis. Au greffe du Tribunal de Grande Instance de Bobigny on continuera à se partager deux stylos Bic pour tout un service.


2/ La bulle financière

Une infamie. Ni la méprisante droite française, ni la très hypocrite gauche n'en parlera. La déclaration d'intention "mon ennemi c'est la finance" du candidat vainqueur de 2012 est restée lettre morte. François a juste mis un point d'honneur à placer une parole gauchisante pour récupérer un maximum de voix. A ce moment là, ses électeurs ne se doutaient pas que la taxe promise sur les transactions financières restera de l'ordre du fantasme. Mais non, Hollande n'est pas le Roosevelt qui a séparé les activités d'épargne des particuliers et de spéculation pour protéger les épargnants. Non, on se rappellera de Hollande, président normal, dans l'Histoire comme de Guy Mollet.


3/ Redéfinir les actions prioritaires des régions

Pour écarter les migrants en Picardie, pour mettre vainement 1 milliard dans le réseau ferroviaire en IDF, ou pour subventionner des armes de poing à destination des policiers municipaux en PACA, il y a du monde. Mais pour parler référendum d'initiative locale (le pouvoir au peuple) afin de se concentrer sur les vrais problèmes, il n'y a plus personne. Qu'ils continuent à teinter leurs projets de populisme et à faire plus dans l'esthétique que pour le pragmatique, et nos élus locaux finiront par tremper dans le goudron.

4/ La pression fiscale à la française

Certes, les impôts servent en grande partie à financer notre système social au demeurant inégalé dans le monde. Mais il sert aussi à soudoyer l’électorat avec des baisses d'impôts juste avant les élections. De même qu'ils servent, en majeure à partie, à payer une hypothétique dette publique pour laquelle le contribuable ne s'est jamais engagé in personam. Oui, cette fameuse dette publique qui a obsédé FH et l'a poussé à gérer le pays comme sur Sim City 2000. C'est-à-dire dire en faisant comme ses conseillers lui disent de faire et en abordant les questions économiques au seul gré des données statistiques. -"J'augmente la TVA de 2 points et j'abaisse le taux de la 3e tranche de l'impôt sur le revenu et je verrai ce qui se passe". En vrai, ce n'est pas Manuel Galfetti qui commandait le gouvernement mais l'INSEE.
5/ Le statut de la presse

Le saviez-vous ? 10 milliardaires possèdent 90% des médias en France. Les débats d'intérêt public comme la désuétude de la Ve République, l'état de l'indice de développement humain, ou les perturbateurs endocriniens, sont à peines évoqués dans les médias de masse. Aucune distinction non plus entre presse people et journalisme d'investigation sur nos chaînes. On regrettera d'avoir, non rarement, un sujet au JT sur la sex-tape de Mathieu Valbuena suivi d'un sujet sur les massacres d'Alep. Ou l'ascenseur émotionnel entre deux pages de publicités. L'information n'est plus qu'un produit à vendre...

Franchement, quel candidat osera proposer la fin des subventions d'Etat aux organes de presse condamnés pour des délits comme celui d'incitation à la haine raciale ? (Cc Valeurs actuelles et Minute).





A force de silence et de complaisance, nos politiques dirigent le pays vers une bien terne stagnation. Ils se rêvent tous en De Gaulle et désirent avoir leur nom sur de grandes avenues parisiennes. Or nos candidats n'ont en ni le swagg, ni le courage.






Aussi : la composition du Parlement, la pertinence des institutions européennes, l'activité des agriculteurs, un protectionnisme intelligent, la création d'une ONU hors d'atteinte de la diplomatie américaine, les perturbateurs endocriniens dans ta boite de thon

mercredi 29 novembre 2017

Pourquoi Jeremstar est meilleur intellectuel qu'Alain Finkielkraut

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Parmi les nombreux clivages qui existent en France, certains sont bien débiles.

Hier, on assistait encore à un bon vieux schisme luthérien sur fond de polémiques cinglantes à propos de l'antisémitisme. Aujourd'hui, on retrouve opposés "fachos" et "gauchistes", "conservateurs" et "progressistes", jeunes contre vieux, intellectuels et ingénus... Dans les villes et dans les campagnes, la pensée manichéenne cherche à s'imposer dans nos esprits. 

Mais dans le débat, n'importe lequel, lorsque chacun veut démontrer SA vérité, chacun ne souhaite-t-il en réalité imposer son diktat, sa vision des choses ?

Le plus tragique n'est pas d'émettre son opinion et de souhaiter qu'il s'impose aux autres, mais c'est de croire qu'une pensée est plus légitime qu'une autre. Par exemple, Alain Finkielkraut (AF) et Jérémy Gisclon (Jéremstar de son alias - JS). Leurs paroles ont-elles la même valeur ? Si non, pourquoi celle d'un licencié en philosophie en aurait-elle plus ? Le titre du sujet est-elle pertinente pour apprécier la rectitude de l'idée ?

La présence de ces deux personnages dans les médias est symptomatique d'oppositions bien stériles dans notre société.

L'un représenterait la nostalgie d'une époque passée, l'autre la candeur des temps présents ; l'âge et la jeunesse, le nationalisme et le mondialisme. Concrètement, Finkielkraut est un académicien ; Jéremstar est un blogger diplômé en communication. Les deux publient et commentent l'actualité. 

Donc sur un pied d'égalité ?

Tout semble les opposer mais les deux abattent leur labeur pour une chose, une seule : la gloire.

    Alors qu'il  se réclamait jadis de la gauche anti-raciste, aujourd'hui Alain F. se fait principalement le défenseur d'un patrimoine français, éternel et immuable. Son ouvrage majeur est "Défaite de la pensée". 

    Quant à Jérémy, il a écrit trois livres sur les coulisses de la téléréalité, dont une biographie riche d'une existence éprise des apparats. D'aucuns diraient qu'il fait commerce de potins de personnages de téléréalité, mais son oeuvre majeure est son blog haut en couleurs, disponible sur nombre d'internets.

N'empêche que des frasques de J. Gisclon ressort une véritable appréciation critique de la réalité. Une réalité bien sûr subjective, propre à son regard.

Car doit-on vraiment utiliser le jargon philosophique et se référer à des auteurs illustres pour philosopher  ?

Non semble-t-il, puisque la science est essentiellement dogmatique. Elle exclut ceux qui ne peuvent pas la comprendre. Comme Finkielkraut, "agrégé" de philosophie, autrement dit "un corps étranger incorporé dans un autre", il a reçu un brevet de ses pairs pour pouvoir créer concept. Mais force est de constater que sa puissance médiatique, sa visibilité pousse ce Finkie à divers abus, dont celui de tentant de penser pour nous, plutôt qu'à nous pousser à la réflexion. Ce qui est somme toute le but de la philosophie véritable.


I - Le relativisme de Finkielkraut et l'universalisme de Jéremstar

Pour AF, la France est le centre du monde. Notre Nation préexisterait à toute autre et surplomberait l'univers. Voici une autre idée de l'égocentrisme. Donc l'oeuvre d'Hugo serait supérieure à celle de Confucius ? 

Pour Jérem', pas question de se regarder le nombril sur mille générations. Il revendique son américanité, et chérit nos libérateurs de 1945, à qui l'on doit notamment le savon et les shampoings, ainsi que la glorieuse émission "Big Brother", "Paris Hilton à la campagne" et "les Kardashian". En somme, Jérémy glorifie la téléréalité aux balbutiements d'une société qui veut tout montrer. Tout, et à tout le monde.

A/ La vanité de Jeremstar est pleinement assumée 

La candeur de Jéremstar est si apparente qu'elle ne peut être que feinte. Ses onomatopées sont des de signatures.  Chaque "non mais je hurle", "salut mes vermines" et autres ohmygoderies font montre d'un sens de la comédie assez remarquable. D'origine d'une petite bourgeoisie sans grande prétention, il suit les codes de son milieu social, constellé d'une linguistique empreinte de néologismes que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître. Telle circonstance ne peut être que révélateur d'un choc générationnel avec son aîné.

B/ La fatuité de Finkielkraut est à peine dissimulée

Finkielkraut, grand influenceur des hommes de droite, il a la mainmise intellectuelle sur nombre de décideurs. Alain vit un destin marqué par un fort atomisme. Né pour étudier, né pour réussir, il sait que la formule de la pérennité du succès repose sur reproduction sociale. Ainsi, il tente d'éveiller la conscience de caste du lecteur moyen du Figaro qui, en lisant l'édito hebdomadaire du philosophe, se dise "mais bien sûr, il faut défendre la vieille France et repousser les barbares !". Alors la vieille caste bourgeoise et héritière se mobiliserait pour conserver ses privilèges de caste (bons habitats, accès aux meilleures écoles, à "l'optimisation fiscale"...). La génération "d'avant" que représente AF est mourante et conservatrice, et son seul moyen de survivre est de transmettre la nostalgie. Les enfants se montreront donc particulièrement sensibles aux convictions de leurs parents et les recevront favorablement pour éviter le déshonneur du rejet familial. Ainsi se crée la reproduction mortifère de l'instinct de caste. Cela sous l'influence seule de quelques penseurs médiatiques. Or, l'influence n'est guère le but de la philosophie. Et cela, Jéremstar l'a très bien compris.


II -  Un pessimisme surjoué contre une jovialité béate mais sincère

La philosophie est dévoyée par ses propres chantres. La finalité de la philo est moins de convaincre que de faire réfléchir. C'est bien le règne de la doxa (sophisme) que la science de la raison (philosophie) se veut combattre. La doxa, cela se réfère à la médiocrité ambiante des masses de gens, adeptes de tous les présupposés et grands allergiques à l'analyse. La doxa est le règle du "moi je pense ça, même si ça n'a rien à voir avec le réel, mais ça me plait de penser ainsi".

A/ Une philosophie monnayée contre une distraction populaire sans complexe

AF est plus pessimiste que le plus pessimiste de tous les philosophes. Mentionnons cependant Arthur Schopenhauer qui énonçait que la souffrance est notre condition, et qu'il est de tous les mondes possibles, même le plus mauvais. Mais Finkie est-il pire ? Oui, c'est le même, mais en moins bien. Notre star des plateaux, contrairement au philosophe allemand, racialise, communautarise les souffrances. Il en va ainsi de sa fameuse distinction "racisme anti-blanc" versus "racisme ordinaire". AF fait ainsi vibrer un fibre patriotique à des fins principalement mercantiles. C'est le fameux "jouer sur la peur pour vendre". Pourquoi ? Pour la gloire, encore une fois. Parce que loin d'être le porte-étendard d'une partie oubliée de la population, il soutient ses intérêts individuels, dont son épargne personnelle, plutôt que ceux de qui il prétend représenter.

Tandis que JS, même thuriféraire notoire du dieu Argent, aime surtout la vie telle qu'elle est. En cela, il a une position hautement nietzchéene. Jeremstar promeut un divertissement grand public, et éveille au quotidien la "volonté de grandeur" des candidats de téléréalité. Pour lui, la souffrance n'est pas une condition, et le bonheur ne cesse pas au moment où l'on se met à désirer. Le bonheur est à la portée de tous, et ce en faisant ce que chacun a envie, et même en se ridiculisant. A ce titre Nietzsche disait que la volonté de puissance ne génère pas du bonheur mais du plaisir. M. Gisclon conçoit donc que l'idéal de bonheur durable entre en contradiction avec la fatalité selon laquelle la vie est brève.

De plus JS est mieux apte au "penser contre soi" puisqu'il est le premier à critiquer ce qui fait sa fortune : les producteurs de télévision. Il les décrit volontiers comme des rapaces qui recrutent les participants un peu bas du front dans les régions les moins alphabétisées. Ces participants sont alors infiniment perméables au désir de se montrer à tout prix, et d'en montrer un peu trop ; et ils sont surtout très tentés par la réussite rapide et facile. Or la volonté de grandeur conduit nécessairement à l'anéantissement progressif du Soi, et Gisclon le sait très bien.

Comme évoqué, AF détourne la philosophie de sa finalité. Sa conception de la réalité se veut comme indéniable et sans nuance possible : - Oui, "il existe un pan de la population impossible à assimiler à la communauté nationale". - Oui, "l'antisémitisme latent des gardes forestiers aveyronnais est une réalité". Mais la très pédante attitude dont fait preuve AF dessert indubitablement sa démonstration. Cela dit, toute science a ses charlatans et ses thuriféraires. A contrario, Jeremstar le saltimbanque cultive sa philosophie avec discrétion et parcimonie.

B/ Le rapport complexe entre philosophe et la réalité

Le philosophe doit-il se fonder sur des statistiques pour légitimer un propos ? Assurément non. Il n'est pas sociologue, et son seul vécu et ses observations du monde suffiraient. Tout le travail du philosophe ne semble tenir qu'à la manière d'exprimer sa pensée et aux auteurs qu'il invoque. Donc une vue d'esprit, ou une réalité partielle pourrait fonder un concept, une idée. Ce qui est encore plus dangereux lorsque cette idée est teintée d'une idéologie quelconque. 

Or, AF se réfère toujours à ses origines religieuses et à son passé familial. Pourquoi pas. Mais ce n'est pas le fondement ancestral de la philosophie. La philosophie est étymologiquement liée à l'amour, au coeur, à la sensibilité de chacun dans son rapport au monde. Alors le philosophe doit être assez en retrait vis à vis de son histoire pour pouvoir parler à tous. La réalité n'est pas qu'une "représentation" comme dirait Schopenhauer, non pas une image abstraite pour un penseur. Et dans un monde où chaque avis se vaut, n'importe qui peut produire du concept. 

A ce titre, JS développe sa philosophie et offre sa vision de la société qu'il déclame dans la presse. Il en ressort significativement que pendant la présidentielle de 2017, il n'a pas souhaité donner son avis sur les candidats pour laisser à chacun la liberté de son opinion. Et au regard de son influence d'influence qu'il est, Jerem a fait acte d'abnégation et de grande philosophie en renonçant à exercer un tel pouvoir. Ce brave Jérémy ne vit donc pas dans un téléviseur. Il est conscient des futilités des temps modernes, et il en tire profit avec force passion. Sa philosophie est celle du bonheur, celle encline à favoriser le besoin de se reproduire ; l'envie de pérenniser l'espèce. À l'inverse, dès lors que la philosophie est pratiquée comme l'action de distiller des idées contagieuses et de les incruster dans les esprits, on peut dire que le pensée décliniste et dépressive d'AF présenterait comme désordre de tuer tout espoir de création. 

En définitive, Jéremstar, ce penseur qui s'ignore est bien l'égal de Finkielkraut, son collègue de la médiasphère. Il a une véritable capacité à toucher les gens et à contempler les faits de société comme une réalité susceptible d'analyse. Il ne se cache pas non plus dans une posture d'utopiste, ni n'essaye de façonner un monde à son image. Il prend la réalité telle qu'elle est, et répugne le pessimisme et l'esprit de défaite ; et pour lui, qu'importe le moyen, chacun doit concourir - comme il l'entend - à son bonheur.

jeudi 9 novembre 2017

La pornographie ; ou le symbole de la misère profonde du sédentaire

Réquisitoire contre le sexe numérique


Résultat de recherche d'images pour "études pornographie"




Juillet 2015, le sujet de la pornographie et de ses effets sur le psyché des gens fait rage dans la presse. Bizarrement, d'un coup d'un seul, "tout le monde en parle" comme dirait Ardisson. N'empêche que ce thème qui inquiète un poignée quant à l'impact du porno sur le développement émotionnel des ados, et des plus vieux, a toujours été d'actualité.
                                    
Et notre avis ici est simple : se tripatouiller devant une vidéo X est néfaste pour le fonctionnement cérébral et défonce par la même le rapport au réel et à l'image de la femme.

A noter ici qu'on ne fait pas dans le moralisme prude ou dans la réhabilitation des moeurs du Moyen-Âge. Mais comment ne pas être troublé à la vue de vidéos uploadées sur vos sites préférés qui sont en fait tous monopolisés par une seule et même boite de prod (Mindgeek, le bien nommé - Source : GQ d'aout 2015). Au final c'est le public qui se fait piner.


Toi aussi,
 place ta dépendance dans une corbeille 
Troublant, au moins à deux titres : 

- 1/ Les vidéos de cul sont dépourvues de tout lien charnel dans le couple. Le contact cutané semble être considéré comme diabolique dans cette industrie ; les baisers ne se conçoivent plus au pluriel et les croisements de regards sont devenus trop mainstream depuis l'avènement de la technique du Doggystyle.

- 2/ L'homme a toujours le dessus (même quand il est en dessous). En effet, l'ascendant masculin est toujours mis en scène, même inconsciemment les amateurs imitent ce schéma misogyne qui a déjà influencé deux générations de masturbateurs. Le rapport entre les deux protagonistes est froid en réalité. Le minimum de contact est recherché. Et la seule chose qui les lient est entouré de latex. In fine, le masturbateur 2.0 qui manque de recul pensera que le coït passe forcément par une domination, parfois violente, du mâle sur sa partenaire.
                               
Dramatique...

Et en parlant "d'amateurs", cette catégorie semble à avoir été créée pour rendre plus immersif le rapport filmé. Le succès des vidéos volées, qu'elles soient données pour se venger d'un ex ou initialement envisagées pour être conservées en privé, est alarmante

A la réflexion, on se demanderait si déchéance il n'y aurait pas entre :

a- la consommation monnayée de porno mettant en scène des professionnels avec toujours le même trentenaire de type caucasien assez gainé pour pilonner sa partenaire plastifiée sur une position qui s'apparente à une prise de MMA. Tel un foreur de la British Petroleum, il cherche toujours à aller plus loin dans son seul intérêt.

b- et la diffusion de gens lambda, objets de voyeurisme légal au format 640x320, sans qu'ils ne puissent réclamer des droits d'auteurs ou des indemnités pour l'exploitation de leur image par un site aux mirifiques revenus publicitaires.

Une misère sexuelle exploitée ?


Jacquie et Michel, une société à but archi-lucratif, propose au gens de la plèbe d'immortaliser un bref extrait de leur vacuité sexuelle. Le pire est que ces "amateurs du sexe" en remercient la firme française en fin de chaque vidéo, malgré le fist monumental qui semblerait leur être infligé sur leur droit à l'image.


AFP
Faux obstétriciens mais vrais fdp
Qu'il s'agisse d'amateurs filmés en webcam, ou de professionnels de Brazzers cadrés avec des GoPro dernières génération, le porno ça reste putain de fade. 
Le seul bon côté à ses très courts-métrages est qu'ils sont impossibles à spoiler.
Qu'importe la configuration de l'acte, l'homme se termine, le premier comme souvent, et puis...la vidéo finit. L'organisme féminin est toujours absent du scrypt. Et même quand la partenaire féminine est une professionnelle chevronnée des mourantes productions Dorcel, on arrive à percevoir la frustration dans son regard.

Avant, le masturbateur d'appartement se tirait joyeusement la nouille devant sa télé à tube cathodique, se passant joyeusement une cassette un Blanche-Neige et les 7 mains ou un Rocco ne meurt jamais en VHS. Mais quel jouissif il y avait à mirer les ébats sexuels du plombier libidineux et de sa cliente, en première instance, sinistrée des eaux ? A cela, on pourrait m'objecter que l'avènement du Digital Versatile Disc a révolutionné le rated R avec l'innovation consistant à suivre la salacerie avec les commentaires du réalisateur ou à voir, avec gourmandise, le making-of. A cet argument implacable, je m'inclinerais volontiers (lol).


Toutefois, quelque part en France, un professeur génial de droit pénal a dit un jour "je n'ai pas Facebook, parce que le procédé des "amis Facebook" est le même que YouPorn qui nous fait croire qu'on est sorti avec autant de filles qu'on y a vu des vidéos". Et à cet argument je postule.

Effectivement, se lustrer le manche jusqu'à en polir ses remords ne change rien au fait qu'on a cédé à la facilité de la démarche instantanée vers la satisfaction sexuelle grâce à des mots-clés du type : BEURETTE, INTERRACIAL, BUKKAKE.... Et dont la promo a été récemment faite par Norman fait de la merde fait des vidéos), éveillant la curiosité de son public majoritairement pré-pubère.

Entre petites morts par excitations artificielles et massacre du fantasme cognitif

Des études de préventions s'accordent à dire qu'il y a des risques d'altération de la libido, de repli sur une sexualité exclusivement masturbatoire et de développer des complexes. Et même un député a interpellé les parlementaires pour légiférer comme l'Islande et le Royaume-Unis afin de faire en sorte qu'un gamin en bas age à la recherche d'un dessin animé en streaming ne tombe pas sur des pop-up triviaux.

"La perfection est l'antithèse de l'authenticité"

S'astiquer aussi la poutrelle devant une pin up de Liveshow ou de LiveJasmin c'est rechercher une forme de perfection telle que les médias nous la font concevoir. C'est aussi réfuter la réalité d'une gente féminine difficile à comprendre, à surprendre, à attirer. A titre d'illustration, on a voulu nous faire croire que le fessier de Kim Kardashian était la nouvelle Joconde ; et même qu'elle était la femme idéale. 
Eh non, ça ne marche pas comme ça

A part Kanye West, homme de parole qui a dit un jour qu'il se marierait avec une porn star, aucun vrai mâle ne pourrait se contenter d'une simple beauté artificielle sans fond intellectuel apparent, ni d'une insipide sexualité par fibre optique.




dimanche 4 septembre 2016

Le guide de la "dé-complotisation" en 4 étapes

Voilà une fin de journée banale sous le soleil couchant de juillet lors de laquelle j'ai croisé, dans la rue, ce vieux pote d'enfance pour engager une conversation tout aussi banale.

D'accord, l'accroche de cet article ne fait pas rêver, mais attendez la suite...

En fait il s'agissait de se raconter nos nouvelles seulement. Mais comment ne pas aborder les attentats de Nice qui ont lieu deux jours plus tôt ?

Compatissant pour les victimes et déplorant tout le malheur du monde, voilà que mon interlocuteur lance : "mais t'as pas remarqué que les attentats ont toujours lieu vers les 13-15 du mois" ? À peine vous avez eu le temps de lui faire remarquer les 9 et 11 janvier que la référence à Alain Soral a surgi :

- "Il l'avait prédit dans une vidéo qu'il y aurait un attentat sur la plage. On sait qui gouverne aussi…".

La bouche bée, vous constatez que ce pote que vous appréciez est tombé dans le piège de la compréhension facile du monde, de la dissidence marketée, ou plus simplement : la théorie du complot. Puis là vous vous dites : "oh non putain pas lui".

Ce lui, on va l'appeler Paco. Et même s'il est peu probable que vous ayez un ami nommé Paco, vous connaissez sûrement un proche qui est tombé dans ce panneau. Que ce soit dans une secte, dans un réseau de vente plus ou moins pyramidale, dans un parti d'extrême droite, ou dans la fonction publique territoriale...

For de ce constat, vous allez devoir cacher votre gêne et votre dépit sous un linceul de compréhension et de pédagogie pour guider votre Paco précocement déscolarisé vers des sources d'information fiables et indépendantes. Voilà la marche à suivre :

Étape n. 1 : Ne vous empressez pas de parler et acquiescez au début

Tendez l'oreille, ayez l'air bienveillant et ne coupez pas la parole (sous peine de braquer votre interlocuteur). La stratégie est de lui faire savoir que vous êtes de son côté, sans pour autant "être formaté à la pensée du système".

Crédit : le Raptor dissident (youtube). A voir absolument.
Le but est de susciter la confiance, quand bien même la réaction naturelle à l'évocation de Soral en maître à penser serait : « mais non, ce tocard vit la dissidence sur son canapé rouge. Il dit que de la merde. C'est juste un Dark Michel Drucker sans son teckel ». Et s'il vous demande de définir la dissidence, sentez-vous libre de mentionner  Snowden pour les States et Raïf Badawi pour le Royaume. Des purs et durs.

Mais préférez dire/mentir : 

- "Je connais un peu Soral parce que je le suivait avant ; et clairement il dit pas des choses fausses en sociologie. Surtout quand il dit que la classe ouvrière est sous représentée au parlement et que l'homme est une sous-merde à cause du salariat et des embouteillages". Là, vous avez toute l'intention que sait récolter le démagogue. Puis vous enchainez : "mais quand il parle de politique internationale, comme de la Syrie et de la géopolitique du Moyen-Orient, c'est très approximatif". Vous entrez maintenant dans la zone rouge : vous contredisez sans ambiguïté le maître. Donc il faut passer à l'étape suivante.

Étape n.2 : Déconstruisez gentiment la doctrine du conspirationniste en misant sur le bon sens de votre interlocuteur

Vous savez, Paco est naïf mais il n'est pas débile. S'il s'est tourné vers un média alternatif, c'est qu'il s'intéresse aux choses de ce monde. Notamment à la chose publique. Il en a juste marre de voir Pujadas, normalement lecteur de prompteur en chef, militer inlassablement pour le patronat.

Concernant la Syrie, évidemment, on n'y est pas et on peut dire tout et n'importe quoi.  Donc il faut souligner une vérité incontestable sur un point pour en nuancer - les - vérités de ce thème sujet à désinformation massive :
Il y a effectivement des endroits
où c'est l'enfer sur Terre

- "La misère des Syriens est indéniable mais des gens font leur pub sur cette misère ; d'autres s'engraissent en essayant d'importer le conflit israélien en France pour exister. C'est ce que fait un mange-cailloux comme Soral. Le complot, c'est son fonds de commerce. C'est avec ça qu'il attire une clientèle mal informée et paye sa taxe foncière avec la youtube money. Il faut être très méfiant avec les informations d'Internet".

Votre argumentaire est lapidaire et sans concession.
Bravo ! Vous avez piqué la curiosité de votre interlocuteur en lui faisant du douter des origines du doute ; en le décomplotisant avec une autre théorie du complot. Et pour ça, vous êtes un génie. Mais attention à enchaîner rapidement ensuite...

Étape n. 3 : Partagez les sources d'information adéquats

Bon, une fois avoir mis Soral, à juste titre, sur le même plan que les pages Disclose.tv, fdesouche et la chaine "le secret des pyramides :le complot judéo-maçonnique", il vous faut maintenant manifester l'intention de développer l'esprit critique envers notre Pacolito. C'est pourquoi il est nécessaire de souligner que vos journaux préférés que sont le Monde Diplomatique, Médiapart ou Le Monde tout-court sont ceux qui lui donneront une analyse complète et très fine des choses. De la vraie informations d'experts, de professeurs et de praticiens, et non de déscos bac moins trois avec des compétences spé Média maker, ni de journalistes de plateaux qui ne sauraient même pas situer le Canada sur un planisphère.

Le but est que votre interlocuteur dépasse son raisonnement manichéen : "mais de quel côté il est ? Ni du mien, ni du leur. Alors peut-être qu'il/elle détient la Vérité".

Parce que oui, dire qu'il existe une information officielle à la botte du pouvoir semble être assez fantasque, mais il est flagrant qu'on ait une veille médiatique totalement soumise à la loi du marché avec le tryptique : divertissement/sensationnel/publicité. 

Donc ne pas dire :

- Les journaux c'est cher oui. Mais c'est comme le porno, il faut payer pour avoir de la qualité.

Mais préférez dire : 

Crédit : Ganesh2 (youtube)
- "Le Diplo sort tous les mois seulement et pour cinq euros t'as une bonne analyse de l'essentiel de ce qui passe dans le monde. Sinon le Monde-tout-court : pas la peine de l'acheter tous les jours, mais une fois par semaine c'est déjà très bien".

Attendez-vous alors à une once d'engagement de ce bon Paco à upgrader sa lecture.
Enfin bon, ce pote à qui j'ai présenté ce développement m'a avoué avoir apprécié la biographie de Césaire. Donc j'ai bon espoir...

Étape n. 4 : Complimentez votre interlocuteur pour son intelligence et son ouverture d'esprit

Ça peut paraitre paradoxal, mais il vous a écouté jusqu'au bout et n'a pas opposé une résistance propre aux esprits aliénés. Alors s'il admet que la réalité est plus compliquée que certains ne veulent le faire croire, et que chacun peut agir de son côté pour rendre le monde plus vivable pour tous, alors un encouragement se vaut.
Cette importance que vous lui conférez est la même que son employeur ignare ou que ses vagues connaissances abruties du quotidien ne lui donneront pas. 

Vous admettez qu'il n'est pas idiot et que vous même ne cherchez pas absolument à avoir raison. Seulement vous tentez de parler d'expériences et d'études qui vous ont amené à vous méfier du bonheur par la sur-consommation d'images et de produits. Cette tendance de masse qui conduit les plus politisés d'entre nous au dégoût tiré de ce gavage. Et forts de ce constat, les antisionistes, antigauchistes, antifascistes ou antireptiliens veulent leurs parts d’audience.


Ce n'est pas ce que vous ne savez pas qui vous pose des problèmes, mais c'est ce que vous savez avec certitude et qui n'est pas vrai. Mark Twain


À l'année prochaine pour un nouveau billet







samedi 20 juin 2015

Match Retour : pourquoi ce film est si sous-coté ?




Match Retour (Grudge Match en VO), une ode à la vieillesse.


C'est l'histoire de deux anciens boxeurs professionnels qui vivent une seconde jeunesse parce que le premier est très motivé pour éclater son ennemi qui lui a piqué sa copine ; et parce qu'au second il lui a été retiré pour toujours une chance de briller. 

Match Retour, c'est des vannes venues de l'espace et une vraie immersion dans la tête des deux boxeurs. Le facteur suspense est qu'il est difficile de savoir quel boxeur on veut voir gagner du début jusqu'au combat final. Car même si le gentil et le vilain sont bien démarqués, les deux ennemis ont une histoire atypique, des affects et quasiment aucune famille.

L'apparence d'un navet

Mais ce film a forcément fait des déçus vu que les deux acteurs principaux ont été aussi ceux des plus grands films de boxe : Raging Bull pour De Niro et Rocky pour Stallone. 

C'est sûrement pourquoi les créateurs de Match Retour ont préféré partir dans la comédie, voire dans la parodie plutôt que d'essayer de donner à ce film la profondeur scénaristique d'un Rocky, ou le côté encore plus dramatique du récent Rocky Balboa
Comme le montre la scène où Stallone s'apprête à taper dans de la viande comme sac de frappe, puis qui en est empêché par son coach comme pour lui rappeler que tout ça, c'est pas du sérieux. 

En apparence ce film tire sur la fibre de la nostalgie en se voulant être une comédie familiale de fin d'année. N’empêche qu'il y a du sérieux dans tout ça et un aspect réel auquel l'on peut tous se reconnaître. 


L'histoire de vies parallèles

C'est une fiction sur deux anciennes gloires dont la fortune est révolue. Un ferrailleur à l'usine et un commerçant entrepreneur qui fait concessionnaire auto et restaurateur, même comique de stand up comme pour revenir sous les projecteurs.

Les fans de la première heure de Stallone et de Niro ont surement été déçus parce qu'ils en espéraient beaucoup de ce casting. Mais les deux acteurs, aussi sur le déclin dans leurs carrières ont surement dû pas mal kiffer pendant le tournage à jouer des Monsieur Tout-le-monde.

Espoirs perdus ?

Ici y'a plus qu'un projet marketing, mais une envie de l'aile gauche de Hollywood de remonter le temps et de reconstituer les grandes heures de son cinéma à une époque où les grands talents trentenaires/quarantenaires se sont raréfiés. On peut compter sur les doigts d'une seule main des pointures comme Emma Stone, Tom Hardy, Matthew McConaughey... 
Le casting est immense, mais il en ressort un film de boxe respectable. En filigrane, on voit une confrontation inter-générationnelle, un peu plus stylée que ce que laisse transparaître la dernière chanson de Goldman, illustrée par le clash entre la montagne LL Cool J (d'ailleurs excellent dans le premier épisode de la saison 2 de Docteur House) avec le gras Bob De Niro (épique dans le méconnu L'Eveil) qui le maîtrisera à la roublardise. Le choc des générations saute aux yeux à l'écran en dénonçant un peu la complexité de notre société médiatique. Et ce de façon anachronique, comme si on voyait le Jake LaMotta des années 50 péter les plombs en public et se faire piéger par des smartphones le mettant au pilori sur youtube.


Hormis les têtes d'affiches, les seconds rôles sont délirants comme l'inattendu Kevin Hart, le vieux coach interprété par Alan Alkin et Jon Benthal. Ils jouent bien, ils jouent juste ; que ce soit le manager tchatcheur et vénal, le vieux coach gâteux de Razor - à la Mickey de Rocky - qui s'évade de sa maison de retraite et lâche son déambulateur pour entraîner son illustre poulain. Et le père célibataire, fils délaissé par Kid, qui réapparaît, non pas pour réclamer une pension alimentaire mais pour donner à ce dernier un second souffle et le dégraisser. Chacun de ces héros retrouvera une partie de sa famille pendant ce périple. Telle une morale façon Coelho : "c'est en se dépassant chaque jour qu'on renaît".

L'efficacité du jeu d'acteurs

Bien sûr, il y a une différence de niveaux d'acting entre les acteurs principaux qui est assez déconcertant pour le spectateur : entre Stallone nommé pour ce film aux Razzie Awards du pire acteur parce qu'il est infoutu de verser une larme pour les retrouvailles avec son ex, supposée être une scène forte en émotions. La raison est qu'il n'est pas non plus capable d'exprimer une émotion au travers sa face ultra-botoxée. 

Et de l'autre coté, De Niro. L'homme qui n'a jamais l'air de jouer ou de forcer son talent. C'est le genre de bonhomme à te faire passer à l'écran 150 pages de script et de dialogues pour une simple caméra cachée tellement son jeu est immersif
En même temps, ce rôle est l'histoire de sa vie...


Même si il aurait mieux valu avoir le Rocky du peuple de 1976 joué par Stallone. On aurait aimé entendre encore des phrases du style : "j'ai cogné dans la bidoche, j'ai trouvé ça assez extra". Mais cette carence de l'acteur principal en terme de prestance est comblée, notamment, avec le cliché de l'agent sportif flambeur héritier de l'avatar de Don King qui lâche des punchlines sorties de nulle part : "un octogone, on appelle ça un octogone puisque ce ring à 8 cotés. Et pourquoi un ring (anneau) alors que c'est carré ?". Ou "j'espère que tu ne m'appelles pas Arnold pour ma petite taille et ma couleur de peau mais pour ma joie de vivre". Le comique adulé en sa patrie, Kevin Hart, tient ses promesses et n'a rien à envier aux Steve Carell et Will Ferell.

L'oeil du tigre

Et visuellement, Match Retour n'est pas dégueu. Comme la très théâtrale chambre froide d'entrainement de Rocky qui est remplacée par une belle casse auto dans laquelle Razor travaille sa force en tractant des véhicules. Et lors du combat final, un gros plan génial, au ralenti, sur la tronche de Kid aka De Niro dont on voit les traits tirés tel un vieux coq défraîchi et épuisé par le combat de sa vie. Tout cela sur fond de The Heavy, dont le titre "What makes a good man" colle parfaitement à l'action. Mais on avouera qu'on reste loin de la playlist de Bill Conti qui a fait la légende d'une saga.

Entre le quotidien des anciennes gloires et le combat final dont on se demande parfois si il aura lieu, les personnages sont mis à l'amende. Ils connaissent le doute, la peur, la souffrance du training... Rien ne leur est épargné.

Pour le plaisir, on nous offre un caméo de qualité avec l'apparition de Evander Holyfield et Tyson pour un prélude de la revanche du siècle. 

Critique finale

Donc si il y a une chose que les fans de boxe ou de cinéma ne peuvent pas reprocher à ce film, c'est ne pas avoir su décrire à l'écran la passion pour un sport qui ne déplace plus tellement les foules depuis la retraite de Iron Mike. Mais comment empêcher de dire que Match Retour n'est pas stéréotypé à une époque où chaque dollar du combat  Mayweather/Pacquiao a été drainé par ses promoteurs ? Ce film, pour qu'il eut été irréprochable, aurait dû se faire en dehors du registre de la comédie. On l'aurait voulu plus sombre et moins léger. Match Retour aurait dû se faire en 2h15 pour prendre le temps d'énoncer le récit du passé des personnages et insister davantage sur une rivalité violente et moins cocasse entre deux has been, un revanchard, l'autre passif face à son destin mais tout aussi frustré par son passé. On l'aurait apprécié dans le genre dramatique ce Match Retour, faisant qu'il n'aurait pas dû s'appeler ainsi mais "Blueberry Lane", "Gold Standard" ou "Les combattants". C'est à dire un titre mystérieux à la Million Dollar Baby qui ferait qu'on ne sache pas à quoi s'attendre au moment d'insérer le Bluray dans le lecteur.




vendredi 19 juin 2015

Mais que t'es t-il arrivé Pharrell Williams ?

Lettre ouverte à un ex-artiste révolutionnaire devenu icône de la Pop. 


pharrell nerd nothing album news
De N*E*R*D à "Pharrell" tout-court, la transformation est intrigante. J'ai dû écouter cette discographie 357 fois. Chaque album du groupe qui t'as formé, NERD, le plus visionnaire et intemporel des groupes de musique. A l'image de Jamiroquai, chacun des sons de NERD, même datant de plus de 10 ans, s'écoutent tout en étant parfaitement en accord avec son temps. Contrairement à un album de Drake ou de Coldplay qui sentent les années 2010 à 200 bornes, mec, toi et ton groupe avez réussi à créer un style unique en son genre mêlant tantôt voix rap (Sacred Temple), tantôt pur chant sans artifice (Bobby James) ; tout cela parfois donné sur fond de paroles conscientes et militantes (Chariot of Fire). Et ce, à la manière d'un Rage Against the Machine.


Mais c'est terminé. Depuis Love Bomb, tu ne diras plus jamais "fuck what the governement says" dans une ballade. Reste donc qu'aujourdui, milieu des années 2010, Robin Thicke est celui qui s'approche le plus du groove façon Marvin Gaye (qu'il a d'ailleurs payé cher). 



Car ce groupe que t'as - et - qui t'as façonné est devenu inclassable. T'as su crée un style universel dans le temps et dans l'espace. Même ton featuring avec Nelly Furtado était classe. Ce titre, justement, Hot-n-Fun reflète la puissance d'un genre nouveau et reconnaissable entre mille phonographes. Contrairement à The Ramones qui ont percé avec un one-hit-wonder et en réorganisant 15 fois les accords de Blitzkrieg bop, le son de NERD a pu rester le même sans qu'on entende deux fois la même chose. A ce titre, les accords de Everyone nose synthétise parfaitement ce genre instrumental vif, rapide, riche en percussions et qui vire souvent à l'inattendu avec un solo de piano en plein milieu. Créateur aussi des She Wants To Move et Lap Dance qui ont ambiancé les strip-club les plus cotés de la Cote Est, t'as réussi à imposer un style.

Même au début de ta carrière solo, t'as su t'entourer et encore cartonner. Comme sur Frontin' avec Jay Z. Et puis soudainement, t'as voulu t'essayer à chanter les bons sentiments qui plaisent aux masses. 

Avant que tu aies produit ça,
tu étais plutôt comme ça :


Depuis t'as participation à la BO de "Despicable Me" avec Happy, ce serait trop facile de te ranger dans la case des anciens jeunes artistes en colère devenus de dociles interprètes producteurs. Puisque ton physique même fait apparaître une évolution différente du commun des mortels. A 42 ans tu as la même tronche qu'à 16. Alors est-ce que c'est en atteignant la quarantaine que tu t'es rendu compte que le hardcore ne rendait pas millionnaire ? Ou sans doute as-tu réfléchi en voyant Kanye West se planter quelques années plus tôt avec un Yeezus dégageant une musique bien trop en avance sur son temps et suintant la pornographie ? Ou bien après avoir croisé les Versaillais de Daft Punk tu t'es décidé à donner un très large écho à ton génie. 

L'acte premier étant Get Lucky, dont la sortie ne m'a pas déplu parce qu'il remettait au gout du jour la sainte Funk, patronne des platines. Tu as pu travailler ainsi avec un gars de ta pointure, Neil Rodgers, compositeur de l'ombre, qui lui aussi peut toujours jouer de la même façon mais en sortant chaque fois quelque chose de neuf. Comme l'atteste la similitude entre le Get Lucky de 2013 et un I Work For a Living de Fonzy Thorton composé par Rodgers en 1982.


D'ailleurs, après que tu aies été élu "homme le mieux habillé du monde" par Vanity fair, on t'as vu flirté timidement avec l'explicit sur Feds Watchin. Mais sur la bande, t'as laissé tout le dirty à 2 Chainz et toi tu n'as fait que poser en tant que choriste.

Avant que tu deviennes un mac producteur de titres dansants et musicalement simplistes, tu étais un vrai rebelle au physique d'ectomorphe. Mais qu'importe ce que tu étais avant d’être l'ambassadeur des Minions, succédané marketing des Aliens de Toy Story. Car du passé, tu t'en tapes. Gamin de Virginie Beach, tu jouis d'une popularité que seul un déglingo pouvait refuser. Aujourd'hui tu as l'honneur d’être qualifié de "star galactique" par le Figaro. Alors que te faut-il de plus ? En attendant ta réponse, sache que ce discours ne vient pas d'un fan de la première heure déçu de la popularisation de son artiste préféré. Puisque le Pharell des années 2010 n'aurait jamais été sans le controversé Pharell Willams de NERD à qui on a reproché une fois de ne savoir ni chanter, ni rapper. Mais peu importe, parce qu'il semble que t'as apporté un nouveau souffle à une industrie musicale bien gangrenée par des starlettes éphémères et par David Guetta. Un nouveau souffle, ou une touche d'originalité qui intringue, avec une voix qui a ringardisé l'éléctro pop. Puisque sans Pharell, Blurred Line ou Get Lucky ne déclencheraient pas ces refrains qui surgisent dans la tête à la seule lecture de ces titres.

En parlant de refrain, peu savent non plus que tu as déjà interprété HAPPY avec NERD en 2008. Mais cette fois, ça parlait d'un type au coeur brisé qui se répétait au refrain qu'il allait bien pour s'en persuader.


Mais qu'importe aussi la mélancolie. Car elle ne parle qu'aux personnes soucieuses et conscientes. Alors que ta nouvelle version d'Happy, plus légère, sonne comme une réponse du vieux Pharell au jeune Williams pour lui inculquer cette leçon : "fils, dans le monde actuel, si t'as le choix, mieux vaut être juré à The Voice que militant de gauche dans un groupe de Rock".





















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http://blog.lesoir.be/frontstage/2014/09/25/les-bons-sentiments-de-pharrell-williams/