mercredi 16 juillet 2014

Le syndrôme de la chemise à carreaux



Réjouissons-nous, c'est enfin le printemps* ! 
Après un hiver rude avec des températures sibériennes, voici que nous retrouvons le décor printanier de nos villes fleuries. Voyons maintenant les bourgeons fraichement éclos par la rosée des matins de mars ! Admirons ces plates-bandes en terre jonchées d'hortensias, de lilas aux couleurs vives et éclatantes ! Énamourons-nous de cette végétation renaissante, que Mère-nature oppose à nos regards avides d’esthétisme et de volupté ! Respirons cet air empli de pollen allergène que nous rapporte le redoux revenu de sa migration, semblait-elle interminable...

C'est donc la saison des fleurs comme on l'aura compris. Mais c'est aussi la saison du look Jonas Brothers, celle où s’entremêlent les goûts et les couleurs en matière d'habillement pour les adeptes du bustier à manches longues, à col et à bouton.

Bon, trêve de sensibleries. Car on le sait tous, si nous les mâles on choisit la chemise c'est pour accroître nos chances de forniquer. D'ailleurs le génie comique, Norman Thavaud le dit : "une femme aime porter le matin la chemise de l'homme avec qui elle a dormi (ou pas) la nuit dernière".
Soit dit en passant, avec un t-shirt ça marche aussi.

Il s'agit donc d'un vêtement hédoniste qui présente un style "actuel". Il traduit surtout une envie de plaire. Et c'est un tissu, qui avec son unité de forme s'adapte à toutes les formes. Bien sûr, il est aussi question de "se fondre dans la masse", voire de "rentrer dans un(e) moule". Essentiellement parce que les beaux jours arrivent que l'on veut se débarrasser de ses grosses vestes et autres parkas, afin d'étinceler de différentes nuances. Ainsi on veut s'adapter dans son nouvel environnement, tant naturel que social.

Mais cette attitude est totalement contraire à la réalité.

Pour commencer: pourquoi les carreaux ?
On parle bien ici de petits carreaux. Auparavant, ce motif était l'apanage de pourfendeurs de troncs d'arbres à la barbe rousse. Parangon de la virilité modélisée par ce travail manuel, la chemise à carreaux symbolise un certain satisfecit d'un mépris latent pour l’environnement. Car oui, ceux qui portent la chemise à carreaux désirent s'adonner à des plaisirs épicuriens, mais cela en dépit de toutes préoccupations écologiques. Plus personne ne trie ses déchets et tout le monde veut rouler en berline. Or c'est simple, sans arbre pour convertir le Co2 en oxygène, l'espèce humaine est foutue. D'ailleurs c'est pas pour rien que Greenpeace s'affole contre la tuerie de la fôret amazonienne.

Mais que révèle ce motif à damier ?
Tout simplement un conformisme qui n'en était pas un au départ. Tout juste une arabesque de carrés qui représente un ordre de formes biens rangées les unes à cotés des autres, un peu comme une manifestation syndicale de travailleurs nord-coréens. Hormis les "lumberjacks", c'était la culture suburbaine qui s'était emparée de ce style. Qu'ils soient du rock indépendant ou du hip-hop west coast, c'était l'accoutrement préféré des marginaux des années 80/90. Ceux qui rêvaient à une vie plus simple, sortes de Charles Ingalls des temps modernes. Dès lors, le patchwork bustier s'est inscrit dans la culture populaire.

Maintenant c'est tout le contraire. On a cité les Jonas Brothers plus haut: un groupe de rock d'ados pour les ados et qui a été révélé par la firme Disney... En tant qu’extrême opposé du rock anti-establishment d'antan, clairement, on ne peut pas faire plus bas dans le subversif. Qui plus est, à l'instar des produits de la firme américaine, les chemises à carreaux sont dorénavant vendus à des tarifs prohibitifs. Quand bien même ils sont souvent affichés à des prix à la limite du raisonnable, toutefois ces chemises cartonnent toujours auprès des moins de 30 ans. Cela, sans doute pour la première raison évoquée... Mais n’empêche que cet habit reste super cool !


Nota bene : Ce texte n'est pas sponsorisé par les Verts.

À suivre : épistémologie de la chemise à pois

*Retard dû au décalage des saisons

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