vendredi 19 juin 2015

Mais que t'es t-il arrivé Pharrell Williams ?

Lettre ouverte à un ex-artiste révolutionnaire devenu icône de la Pop. 


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De N*E*R*D à "Pharrell" tout-court, la transformation est intrigante. J'ai dû écouter cette discographie 357 fois. Chaque album du groupe qui t'as formé, NERD, le plus visionnaire et intemporel des groupes de musique. A l'image de Jamiroquai, chacun des sons de NERD, même datant de plus de 10 ans, s'écoutent tout en étant parfaitement en accord avec son temps. Contrairement à un album de Drake ou de Coldplay qui sentent les années 2010 à 200 bornes, mec, toi et ton groupe avez réussi à créer un style unique en son genre mêlant tantôt voix rap (Sacred Temple), tantôt pur chant sans artifice (Bobby James) ; tout cela parfois donné sur fond de paroles conscientes et militantes (Chariot of Fire). Et ce, à la manière d'un Rage Against the Machine.


Mais c'est terminé. Depuis Love Bomb, tu ne diras plus jamais "fuck what the governement says" dans une ballade. Reste donc qu'aujourdui, milieu des années 2010, Robin Thicke est celui qui s'approche le plus du groove façon Marvin Gaye (qu'il a d'ailleurs payé cher). 



Car ce groupe que t'as - et - qui t'as façonné est devenu inclassable. T'as su crée un style universel dans le temps et dans l'espace. Même ton featuring avec Nelly Furtado était classe. Ce titre, justement, Hot-n-Fun reflète la puissance d'un genre nouveau et reconnaissable entre mille phonographes. Contrairement à The Ramones qui ont percé avec un one-hit-wonder et en réorganisant 15 fois les accords de Blitzkrieg bop, le son de NERD a pu rester le même sans qu'on entende deux fois la même chose. A ce titre, les accords de Everyone nose synthétise parfaitement ce genre instrumental vif, rapide, riche en percussions et qui vire souvent à l'inattendu avec un solo de piano en plein milieu. Créateur aussi des She Wants To Move et Lap Dance qui ont ambiancé les strip-club les plus cotés de la Cote Est, t'as réussi à imposer un style.

Même au début de ta carrière solo, t'as su t'entourer et encore cartonner. Comme sur Frontin' avec Jay Z. Et puis soudainement, t'as voulu t'essayer à chanter les bons sentiments qui plaisent aux masses. 

Avant que tu aies produit ça,
tu étais plutôt comme ça :


Depuis t'as participation à la BO de "Despicable Me" avec Happy, ce serait trop facile de te ranger dans la case des anciens jeunes artistes en colère devenus de dociles interprètes producteurs. Puisque ton physique même fait apparaître une évolution différente du commun des mortels. A 42 ans tu as la même tronche qu'à 16. Alors est-ce que c'est en atteignant la quarantaine que tu t'es rendu compte que le hardcore ne rendait pas millionnaire ? Ou sans doute as-tu réfléchi en voyant Kanye West se planter quelques années plus tôt avec un Yeezus dégageant une musique bien trop en avance sur son temps et suintant la pornographie ? Ou bien après avoir croisé les Versaillais de Daft Punk tu t'es décidé à donner un très large écho à ton génie. 

L'acte premier étant Get Lucky, dont la sortie ne m'a pas déplu parce qu'il remettait au gout du jour la sainte Funk, patronne des platines. Tu as pu travailler ainsi avec un gars de ta pointure, Neil Rodgers, compositeur de l'ombre, qui lui aussi peut toujours jouer de la même façon mais en sortant chaque fois quelque chose de neuf. Comme l'atteste la similitude entre le Get Lucky de 2013 et un I Work For a Living de Fonzy Thorton composé par Rodgers en 1982.


D'ailleurs, après que tu aies été élu "homme le mieux habillé du monde" par Vanity fair, on t'as vu flirté timidement avec l'explicit sur Feds Watchin. Mais sur la bande, t'as laissé tout le dirty à 2 Chainz et toi tu n'as fait que poser en tant que choriste.

Avant que tu deviennes un mac producteur de titres dansants et musicalement simplistes, tu étais un vrai rebelle au physique d'ectomorphe. Mais qu'importe ce que tu étais avant d’être l'ambassadeur des Minions, succédané marketing des Aliens de Toy Story. Car du passé, tu t'en tapes. Gamin de Virginie Beach, tu jouis d'une popularité que seul un déglingo pouvait refuser. Aujourd'hui tu as l'honneur d’être qualifié de "star galactique" par le Figaro. Alors que te faut-il de plus ? En attendant ta réponse, sache que ce discours ne vient pas d'un fan de la première heure déçu de la popularisation de son artiste préféré. Puisque le Pharell des années 2010 n'aurait jamais été sans le controversé Pharell Willams de NERD à qui on a reproché une fois de ne savoir ni chanter, ni rapper. Mais peu importe, parce qu'il semble que t'as apporté un nouveau souffle à une industrie musicale bien gangrenée par des starlettes éphémères et par David Guetta. Un nouveau souffle, ou une touche d'originalité qui intringue, avec une voix qui a ringardisé l'éléctro pop. Puisque sans Pharell, Blurred Line ou Get Lucky ne déclencheraient pas ces refrains qui surgisent dans la tête à la seule lecture de ces titres.

En parlant de refrain, peu savent non plus que tu as déjà interprété HAPPY avec NERD en 2008. Mais cette fois, ça parlait d'un type au coeur brisé qui se répétait au refrain qu'il allait bien pour s'en persuader.


Mais qu'importe aussi la mélancolie. Car elle ne parle qu'aux personnes soucieuses et conscientes. Alors que ta nouvelle version d'Happy, plus légère, sonne comme une réponse du vieux Pharell au jeune Williams pour lui inculquer cette leçon : "fils, dans le monde actuel, si t'as le choix, mieux vaut être juré à The Voice que militant de gauche dans un groupe de Rock".





















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http://blog.lesoir.be/frontstage/2014/09/25/les-bons-sentiments-de-pharrell-williams/

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